7 - les Manaschis, conteurs légendaires

Atabek, 76 ans, Manaschi respecté

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Il existe, outre les maîtres komouzistes, d'autres détenteurs de l'histoire du Kirghizstan: les Manaschis. Ils sont ceux qui racontent l'épopée de Manas dont on a fêté en 1995 les milles ans, qui décrit l'histoire du héros éponyme, guerrier à la force légendaire qui unifia le peuple kirghize.

Il existe d'autres épopées comme celle de Sémété et Seïtec par exemple, mais celle ci est unique par sa longueur: plus d'un million de vers ! Les vrais Manaschis, qui en connaissent l'intégralité, se comptent sur les doigts de la main: ils ne l'ont pas apprise par les livres -comme le font les "faux" Manaschis- mais tirent leur savoir de leurs rêves, où ils voient Manas et les scènes de sa vie. Ainsi le jeune Manaschi devient-il un "vrai" Manaschi quand Manas lui apparaît en rêve... Il apprendra alors auprès d'un maître Manaschi, en vivant avec lui quelques années, à réciter l'épopée, selon une technique qui se rapproche du chant.

Le vieil Atabek, 76 ans, Manaschi respecté, nous accueille avec un grand sourire et des grosses bises claquantes, puis nous invite dans le jardin aux feuilles inondées de lumière et aux fruits juteux.
Il est allé dans différents pays du monde raconter l'épopée de Manas: il a captive des salles entières comme il nous a captives en récitant un petit bout de l'épopée. Ce vieil homme dégage une force extraordinaire par ses grands gestes qui accompagnent des vers chantes d'une voix puissante et pénétrante, avec un rythme de récitation changeant constamment.

Atabek est très respecté de ses compatriotes, qui l'invitent aux différentes fêtes, où il raconte à volonté l'épopée. Il est ainsi connu dans toute la région, d'autant plus que la société kirghize est, à la campagne, basée sur une structure de villages ou tout le monde se connaît.
Atabek y rempli également le rôle d'Aksakal: un vieux sage auquel les jeunes viennent demander conseil, et qui fait partie d'un conseil de village, l'Aksakal Sot, où avec ses homologues il rend justice et punit les fautifs. Apres le rituel morceau de pain que tout hôte se doit de manger quand il rend visite au maître de maison, nous repartons impressionnés vers le bord du lac Issik Koul, lac au bleu profond entoure de montagnes rouges, beiges, vertes ou enneigées...