Chapitre 1 : les premières impressions


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L’arrivée dans un pays inconnu a quelque chose d’irréel. Le décalage entre nos deux pays va bien plus loin que le rêve ne permettait de l’imaginer. L’émerveillement, la surprise et la curiosité sont les premiers plaisirs du voyageur… Le plaisir d’admirer la si dépaysante surface des choses.

Quel contraste après l’avion ! Les premiers contacts se font avec le village de Kuntuu, à quelques kilomètres de Bishkek, là où habite la famille Abdykalikov qui m’accueille si généreusement. Les bruits du travail à la faux suivent immédiatement le ronflement des turbines du Tupolev : on est entré dans un autre univers !

Ici, les rues à l’asphalte anémié sont parcourues par des voitures ou par des carrioles tirées par des chevaux ou des ânes, qui transportent le fruit du travail aux champs ou quelques gamins, parfois on y trouve un naabaïchy, un boulanger qui cuit des chaudes et délicieuses lipiochkis, petit pains ronds et plats. Le soir on entend les grillons accompagner la dernière prière nocturne du muezzin dont la voix résonne au loin, après la soirée en famille où on rit et on se découvre. Les rues sont encadrées par de hauts portails qui la contemplent de leur regard attristé, derrière ces portails il y a des familles, la femme qui trime toute la journée, s’occupant des enfants et du repas, et les hommes qui reviennent du champ, qu’ils ont bien souvent travaillé à la main.

Les beaux jours de l’Union Soviétique, qui prodiguaient un certain confort matériel et une certaine éducation, sont bel et bien terminés. Les anciens kholkozes qui produisaient de quoi nourrir l’URSS ont été démantelés, et là où il y avait une porcherie on ne trouve plus que ruines, et là où il y avait un verger et une usine à fabriquer du cidre, on ne trouve plus que de petites parcelles familiales qu’on gratte pour en tirer de quoi se nourrir. Beaucoup regrettent les temps passés dont témoigne un folklore résiduel : une épave de tracteur à chenilles sur le bord d’une route, sur un ancien panneau de propagande, un visage bâillonné aux yeux boueux, reconverti en enceinte de maison, un Lénine qui se cache derrière un arbre, fuyant les temps nouveaux, ou une fontaine abandonnée près de la porcherie désaffectée, envahie par la végétation, qui trône au milieu de nulle part comme un sémaphore des temps anciens…

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