4 - La vie dans les montagnes


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Cela fait quelques jours que nous parcourons les hauts plateaux de l'oblast (région) de Naryn, au sud du Kirghizstan.

Grâce à Rouslane, jeune zoologue qui connaît bien la région, nous allons de famille en famille, de plateau en plateau pour enregistrer les musiques, prendre les photos et peindre les tableaux qui seront la matière du reportage-exposition.

Beaucoup de familles passent l'été dans des wagons ou dans des yourtes, habitat traditionnel nomade à l'armature de bois recouverte de feutre, pour faire paître le bétail dans les verts alpages kirghizes, les Djailoos.

On passe l'hiver au village ou sur place dans les maisons sans eau courante ni électricité, construites au temps de la collectivisation, dont on se souvient avec nostalgie ici. La vie est rude dans ces montagnes éloignées: on vit de l'élevage de moutons, chèvres et yacks, ainsi que de la traite des vaches et des juments, dont le lait une fois battu et fermenté donne la boisson nationale, le kymyss.

Personne n'a faim ici, et on égorge volontiers une tête de bétail pour faire honneur aux invités : hôtes et famille se rassemblent autour de la bête ligotée, le chef de famille dit une prière et la petite assemblée se signe en se passant les mains sur le visage. On peut alors égorger le mouton dont on ne gâche aucune partie: tout se mange et la peau servira à confectionner des couvertures. Une fois qu'on a fait griller et qu’on a fait goûté une petite partie du cou au maître de maison, on peut cuire l'animal et laisser le sang aux chiens. On s'installe autour d'une nappe étendue a même le sol, on boit le thé, que la maîtresse de maison sert aux membres de la famille et aux invités placés de façon précise, selon son rang social. Enfin on apporte le mouton cuit: on offre la tête a l'invite d'honneur, qui en mange la meilleure partie, une oreille, puis le maître de maison dépèce cette pièce de choix pour que tout le monde puisse en manger un bout. Encore une fois le rang social se remarque par les parties qu'on offre aux convives: les meilleures et les plus grasses aux invités et aux anciens.

Mais mis a part les produits dérives de l'élevage, tout fait défaut ici : le sucre, les légumes et les fruits, les bonbons, les gâteaux qu'on apporte quand on vient rendre visite ne durent qu'un temps, les habits, les chaussures, le matériel de classe... et surtout les perspectives d'avenir pour la jeunesse. Aussi une adolescente nous chantera-t-elle une complainte sur son difficile destin, d'autant moins désirable qu'ici les femmes travaillent toute la journée tandis que les hommes boivent le thé ou la vodka.

Mais à quelques pas de là, une autre nous chantera la beauté de la nature kirghize: comme il est grisant de franchir ces rivières a l'eau pure, parcourir ces grands espaces sauvages monté sur un superbe cheval, que l'on apprend ici a chevaucher presque en même temps qu'à marcher, ces vallées entourés de montagnes aux neiges éternelles, parsemées de yourtes où l'on peut passer la nuit… Pays rude, accueillant et magnifique: Voilà, à l'image de son peuple, le Kirghizstan des montagnes...

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