Chapitre 3 : le jeu de l’Oulak

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Le deuxième jour de notre arrivée a Naryn, nous avons assisté a une violente partie du jeu le plus populaire du Kirghizstan: l'Oulak. Deux équipes montées a cheval se disputent l'Oulak, qui n'est autre qu'un sanglier, un mouton, une chèvre ou un veau fraîchement égorgé, qui peut peser jusqu'a quarante kilos, pour le jeter dans une sorte de panier de deux mètres de diamètre.

Les huits cavaliers présents sur le terrain se battent avec une grande force pour arracher au sol ou a l'adversaire le cadavre désarticulé. Les chevaux lancés au grand galop s'entrechoquent violemment, les cris fusent, les fouets sifflent...

Parfois une véritable mêlée de chevaux se forme. Le cavalier le plus habile et puissant attrapera l'oulak et partira dans un superbe galop vers le but, poursuivi par l'équipe adverse et soutenu par la sienne. Il lui faudra diriger son cheval au galop tout en maintenant l'oulak coincé entre sa jambe et le flanc du cheval, éviter les adversaires qui se placeront en travers de son chemin, et enfin jeter dans le but cette masse de viande inerte. Le cavalier et son cheval devront donc être rapides, habiles et puissants.

Le jeu est tellement épuisant que toutes les deux minutes un cavalier sort pour se faire relayer. La partie d'aujourd'hui est d'autant plus violente que l'équipe de Bishkek affronte en finale l'équipe de Naryn, financée grassement par le Gouverneur de la région, et que les vainqueurs gagneront les honneurs et une superbe Volga blanche. Plus d'un cavalier tombera lors de la terrible joute dans un vacarme effroyable de sabots et de cris... Le public est en haleine et pousse lui aussi de grands cris pour saluer l'audace de ces cavaliers que rien n'effraie. Et aujourd'hui, il acclamera l'équipe de Naryn, qui obtiendra une victoire à la légitimité contestée... Discours, parade, musique, prix: ainsi se conclut une belle partie du jeu Oulak.