Chapitre 6 : la tradition perpétuée par la musique


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Nous sommes dans la région du lac Issik Koul, la Côte d'Azur kirghize, où tout le monde vient se baigner, passer ses vacances dans une foule qui mélange kirghizes, kazakhs et autres étrangers des pays voisins. On trouve aussi de nombreux villages le long de la route, où les gens vivent d'agriculture et d'élevage. Dans le village de Semionovka, dont le nom est hérité du passé soviétique, vivent deux maîtres komouzistes: Orozobai Kenguinbaev, qui fabrique et joue d'une vingtaine d'instruments traditionnels d'Asie centrale, et Namasbek Kelguenbaevitch Uraliev , grand maitre komouziste.

Orozobaï nous montre son atelier jonché de copeaux de bois et d'instruments encore grossièrement sculptés. La fabrication d'un komouz prend au maximum une dizaine de jours, mais il faut attendre deux ans pour que le bois soit suffisamment sec. Le corps de l'instrument est en bois de poirier, matériau dur et solide, la table d'harmonie de sapin des montagnes, plus fragile mais disposant d'excellentes qualités sonores, et les trois cordes d'une matière différente selon la qualité de l'instrument. On trouve des komouz un peu partout dans les villages et les Djaïloos (alpages) où les familles passent l'été dans les yourtes pour faire paître le bétail. On reconnaît l'age du komouz à l'usure de cette table d'harmonie en sapin.

Beaucoup de kirghizes jouent de cet instrument en tant qu'amateurs, mais peu détiennent le savoir extraordinaire des maîtres komouzistes. Ils sont les détenteurs de l'histoire du Kirghizstan: chaque morceau qu'ils jouent en illustre un épisode que le maître komouziste raconte avant d'exécuter le morceau, remontant jusqu'à 15 siècles en arrière... Ecouter le maître exécuter et raconter ces morceaux a quelque chose de fascinant: a travers ses lèvres, du bout de ses doigts il transmet de façon vivante l'Histoire du peuple kirghize, loin des bibliothèques, des universités et du savoir livresque. Et on écoute ce morceau chargé de sens avec d'autant plus d'attention et d'émotion que chacune de ses inflexions illustre une partie de l'histoire que l'on vient d'entendre... Le maître Namasbek a appris ces histoires et ces airs non seulement dans les archives constituées par les Russes après la révolution de 1917, au contenu diminué par la censure, mais aussi auprès de son grand-père, lui aussi maître komouziste. Lui-même prendra un disciple pour lui transmettre son savoir quand le moment sera venu. Namasbek nous "raconte" quelques airs qu'il joue ensuite, puis nous offre un repas, faisant là aussi vivre la tradition d'hospitalité kirghize...

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